Récemment et suite au renversement du régime du président Egyptien Mohammed Morsi et aux événements survenus, le président Américain a demandé une réévaluation de l’aide américaine en Egypte tout en évitant de les supprimer ou les sanctionner. Question : peuvent-ils couper les aides américaines qui aident à financer les équipements de l’armée et au financement de tiers du budget égyptien ?
En dépit des
affrontements, la semaine passée au Caire, entre des soldats, et une cinquantaine de
sympathisants des Frères musulmans, le porte-parole de la Maison
Blanche : « l’aide financière américaine à l’armée égyptienne
ne sera ni suspendue, ni réduite. « Nous
estimons que cela ne serait pas dans nos intérêts ». S’agit-il donc
d’un cadeau ou d’une obligation ? La question se pose ! Analyses
Camp David
Avant de répondre
à la question, nous devons comprendre pourquoi l’Egypte touche une si grande
somme de la part des Etats-Unis ? Un peu d’histoire : En 1978, le
président Anouar El-Sadate et le premier ministre israélien Menahem Begin ont
signé un accord à la Maison-Blanche, sous la médiation du président américain
Jimmy Carter. Cela fut suivi par le premier traité de paix israélo-égyptien de
1979 ; Camp David. Un accord
couronné par deux Nobel de paix pour
les présidents des deux pays. Ainsi que
de la haine de la part des pays arabes jusque l’assassinat du président Sadat
et l’isolement de l’Egypte en tant que pays arabes traitre et complice
d’Israël.
Quant aux termes
de cet accord, nous allons mentionner uniquement ce qui rentre dans
l’explication de notre analyse, l’Egypte a récupéré Sinaï en 1982, et Israël a
obtenu une normalisation des relations diplomatiques avec l’Egypte, et des
garanties de circulation sur les voies du Canal de Suez. En ce qui concerne les
forces militaires, Israël offrit une garantie de libre passage de l’Egypte vers
la Jordanie et chacun des deux pays était disposé à ne plus rassembler près de
la frontière ses forces militaires. Conclusion, les aides américaines ne
sont pas des dons humanitaires, afin d’établir la paix entre les deux plus
grands pays du Moyen-Orient et pour garantir un voisinage de bons termes. C’est pourquoi la question de couper les aides
américaines en Egypte doit être très bien étudiée pour éviter de mettre fin à
un accord de paix entre les deux pays les plus importants dans le Moyen-Orient.
Anniversaire de Morsi
Alors le 30 juin,
date anniversaire de l’entrée en fonction du président Mohammed Morsi, à
signaler que c’est le premier président civil à l’Etat égyptien, au lieu de le fêter joyeusement, les
affrontements se multiplient et nous témoignons les rues égyptiennes encore
remplies des foules de manifestants anti-Morsi. Et plus tard une foule des
pro-Morsi pour défendre le renversement de son régime réussi et à l’aide de
l’armée Egyptienne financée par les Etats-Unis. Il ya quelque que chose qui
cloche non ?
Du coup, les pro-Morsi, défendent dorénavant une dite
démocratie ratée, et les anti-Morsi défendent un pays dont la situation empire
de jour en jour et qui ne supportent plus le voir en déclin. Dans ce contexte
brulant, on évoque l’intervention de l’armée, dans un discours, le ministre de
la défense, le général Abdel Fattah El-Sissi, nommé par Morsi en Aout 2012, en
supprimant le Conseil suprême des forces armées.
Une armée éveillée, un peuple gêné !
El-Sissi a déclaré que « les forces armées ne
resteront pas silencieuses face à la spirale qui entraîne le pays dans un
conflit incontrôlable ». Et ce fut le cas, les forces armées
égyptiennes se sont interférées, tout en prônant une entente entre toutes les
forces politiques et en soulignant le fait que le but de l’armée est
de : « protéger la volonté
du peuple ».
Il est à signaler
que les Egyptiens ont pris quand même quelques 30 années pour manifester contre
le président Hosni Moubarak et une année pour enlever Morsi et les frères
musulmans carrément du pouvoir. Qu'est ce qui s'est passé? (à écouter)
L’Egypte a
changé, le peuple est devenu plus sensibilisé, je me rappelle qu’une femme a
appelé interrompant un programme
politique sur une chaine satellitaire demandant c’est quoi le « dostour », la constitution?
Maintenant, un simple petit garçon (à regarder), peut nous parler du fascisme sans soucis. Les
gens en ont a marre de la corruption, et la nouvelle génération aspirent à une
démocratie constructive qui va dans le sens des droits de l’homme et non pas en
contre sens. Les jeunes qui ont eu forcément une éducation libérale, issus des
niveaux élevés de la société égyptienne, ont bien digéré les principes de la
liberté de l’occident, et commencent à changer dans leur propre pays. Un
étudient égyptien de l’Université américaine ou française, ne va vraiment pas
apprécier de voir la chute de son propre pays dans les mains d’un groupe de
frères musulmans, parlant uniquement dans leurs discours de la
« Charia » et du Coran, tout en faisant tomber le côté concret de
réforme. Impossible pour lui d’appeler cela démocratie. Il est à signaler également que les discours
de Morsi sont super provoquant et tape vraiment sur les nerfs.
Morsi se dévoile
Ensuite il ya
aussi l’inefficacité de Morsi qui a fait éclaté les protestants contre lui. Le
bilan désastreux d’une année sous son
régime tout en faisant adopter une
feuille de route de la transition après Moubarak, avec l’aide des frères
musulmans, les anti-Morsi n’ont pas pu se tenir pour le renverser, y inclus les
juges qui constituent une grande force en Egypte.
Maintenant la
situation est chaotique, d’une part un groupe se dépêche pour tout réformer et
se préparer pour de nouvelles élections, de l’autre part les pro-Morsi
squattent devant le palais présidentiel et continuent à manifester et à prier.
Pour dire la vérité, le mois de Ramadan est venu à temps pour laisser le bal au
terrain des anti-Morsi, qui n’ont pas forcément de temps à perdre dans les
rues, comme les groupes pro-Morsi avec les prières ininterrompues et les
mentalités religieuses surtout concentrées sur les rites de ce mois important.
Pour finir, il
s’agit vraiment d’une course entre les deux troupeaux, nous ne pouvons pas
prévoir qui peut gagner ce concours, mais nous souhaitons ne pas tomber dans le
piège de choisir par élimination comme on a déjà fait avec Morsi pour se
débarrasser de Moubarak. Point !
Nora Dardir